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Cette école d'Arts Martiaux Traditionnels a été fondée à Bordeaux en 1975 par Frédéric DUPERTOUT. Par la forme et par l'esprit, elle ne le cède en rien aux écoles traditionnelles d'arts martiaux que l'on rencontre au Japon. Le karaté, le ju jitsu que l'on y enseigne sont issus des plus vieilles techniques que le Maître SANO Teruo reçut de ses anciens maîtres, et qui furent rassemblées sous le nom de "YOSEIKAN SANO RYU " - et plus récemment - "SANO RYU KARATE JUTSU"

vendredi 20 décembre 2013

N O E L... "Neos Helios"


Nous nous apprêtons tous à fêter Noël et chacun envoie ses voeux autour de lui.

Moi aussi !

Bien sûr, on nous dira qu'il n'y a que de très lointains rapports avec le karaté, car c'est avant tout une fête chrétienne. Mais en sommes-nous si sûrs ?

Tout d'abord, on sait qu'à partir de cette date, les jours rallongent, et nos lointains ancêtres ne nous avaient pas attendus pour s'en réjouir. Mais il n'y a bien sûr pas que cela. Un siècle avant César, les légions romaines rendaient un culte à un dieu qui marchait à leur tête. Il était jeune, beau comme un soleil renaissant, courageux et parfois violent, martial en un mot, et s'appelait Mithra, le dieu des légions, et pourquoi pas le dieu des arts militaires d'occident ? Enfin pas tout à fait d'occident, puisque Rome le ramenait de Perse, l'Iran actuel.

Il y était né un 25 décembre, dans une grotte, entouré de Cautès et de Cautopatès (qui figureront plus tard l'âne et le boeuf). Il était né d'une vierge, mourut, descendit aux enfers d'où il ressuscita le troisième jour pour monter à la droite de son père, le dieu suprême Ahura Mazda pour y juger vivants et morts.

Le christianisme naissant a repris le mythe.

Ainsi donc, nous fêtons un dieu jeune, beau, fort et qui mène les légions de victoire en victoire. Espérons que sous un autre nom, il saura toujours nous guider !

Et si un jour, nous qui habitons Bordeaux, nous passons cours Victor Hugo, derrière le Musée d'Aquitaine, souvenons-nous que le temple de Mithra était là, dans lequel la divinité était représentée sacrifiant un taureau.

 











Statue de Mithra - Musée Pio-Clementino, Vatican

Les arts martiaux ont revêtu différentes formes selon les lieux et les époques, mais les principes qui les dirigent sont universels. Tout autant que le retour du Nouveau Soleil (Neos Helios) célébré, entre autres, par nos crèches de Noël.
JOYEUX NOEL A TOUS !

mardi 3 décembre 2013

L'ART DE L'ESQUIVE HORS DU PLAN PHYSIQUE (réponse au dernier commentaire)

Avant tout, l'esquive est un état d'esprit plus encore qu'une série de techniques.

Attention, cependant, le mot "esquive" ne doit pas être compris dans le sens d'"échappatoire" : il s'agit de gagner.

Les heurts de la vie courante ont pour cadre : la famille (épouse désagréable, mari violent, enfants infects,...), le travail (supérieurs tyranniques, collègues malveillants,...), le voisinage (voisins bruyants, spécialistes des nuisances en tous genres,...). Mais la liste n'est pas exhaustive et, pratiquement, il n'est pas possible de faire un pas sans être confronté à une de ces situations.

Alors... Eh bien, dans tous les cas de heurt, il faut d'abord se représenter précisément ce que l'on souhaiterait comme victoire. On évitera donc de relever bêtement un défi... Chaque cas est particulier et demanderait une étude séparée sur un plan stratégique - mais oui, stratégique ! - Mais on peut avantageusement s'inspirer des grands stratèges antiques ou récents : tous ont eu recours à l'esquive, même les plus brutaux, et tous ont agi non pas pour gagner seulement, mais bien pour se retrouver en position avantageuse une fois la période des hostilités terminée.

Mais tout cela ne s'improvise pas. Exercez-vous bien...

mercredi 20 novembre 2013

L'ART DE L'ESQUIVE

Du point de vue du karaté, et d'ailleurs, de tous les arts martiaux, l'esquive n'est pas une fin en soi mais un moyen de vaincre.

Il s'agit, en fait, de ne pas opposer la force à la force, mais de faire en sorte que vos adversaires puissent faire ce qu'ils veulent et que ça ne leur serve à rien.

Pour parvenir à ce résultat, il faut une grande maîtrise de ses réflexes physiques et émotionnels car, dans le feu de l'action, on peut avoir tendance à s'opposer (ce qui revient à relever un défi), pour se prouver que l'on est le plus fort, ou bien à tenter de refuser le combat dans une sorte de fuite. Ce sera suivant la personnalité de chacun.

Or, l'esquive n'est ni l'un ni l'autre. Un excellent exemple nous est donné par le matador (le "tueur") dans l'arène. Il n'opposera bien sûr pas sa force à celle du taureau, et pourtant il va gagner. Ce que l'on appelle la "suerte de muerte" va durer environ cinq minutes. On remarquera que l'animal est bien plus fort, mais c'est lui qui répond aux défis, et pour couronner le tout, il ne sait pas esquiver. Résultat...

Toutefois, si l'on compare encore, l'attaque à l'épée du matador doit être parfaite. Sinon...

Ce que l'on observe en terme d'esquive dans le monde animal est bien sûr conforme aux règles de la nature et s'applique à tous les cas, pas forcément physiques, d'affrontements de la vie courante.

Ne croyons surtout pas que l'on peut faire de l'esquive une méthode à part entière. Tout d'abord, si vous n'êtes pas un virtuose de l'attaque, votre esquive risque fort de se faire à contre-temps. Mais encore, il faudra prendre garde à ne pas se complaire dans une attitude défensive : l'esquive est offensive, faute de quoi elle ne fait qu'établir un statu quo, dans le meilleur des cas. Et si votre mental est principalement axé sur la défense, vous perdrez l'avantage de l'initiative.

Et, de manière générale, n'oubliez pas que l'esprit dirige tout.

A tout de suite ;-)


lundi 11 novembre 2013

REPRENEZ CE QUI VOUS APPARTIENT

Lorsqu'on commence à apprendre le karaté, on a généralement l'impression de rajouter des gestes inconnus à nos mouvements habituels. En fait, il s'agit plutôt de gestes oubliés, de gestes négligés, jusqu'à l'abandon pur et simple. Mais on s'aperçoit très vite que le corps est capable de les répéter. En d'autres termes, ces mouvements appartiennent à notre héritage.

Si l'on pousse un petit peu le raisonnement, on se rend compte qu'on ne nous enseigne que ce que nous connaissons déjà...

Mais alors, comment expliquer que ces apprentissages se révèlent parfois si difficiles ? Pour le comprendre, il faut d'abord admettre que nous avons de la même façon oublié, repoussé, découragé nos mouvements spirituels ou émotionnels, sans doute par esprit conformiste mais aussi par paresse, ici physique, là intellectuelle. Tout ce qui n'est pas exercé jour après jour s'étiole et meurt, graduellement mais prématurément, ce qui devrait nous alarmer quelque peu, car si nous nous détruisons physiquement, émotionnellement et intellectuellement, il risque de ne pas rester grand chose...

Avez-vous entendu parler du second principe de thermodynamique ? Pour simplifier, il énonce que dans un système organisé, les éléments qui le composent auront tendance à aller vers le plus grand désordre. Pour contrer cet effet, il faut un apport extérieur d'énergie.

Si je résume - si je ne veux pas devenir une sorte de mort-vivant (regardez autour de vous) - il faudra, grace à un peu d'énergie, récupérer et faire vivre mes capacités physiques et mentales, mon patrimoine, en réapprenant mes gestes. Souvenons-nous quand même que le contenu émotionnel est trop souvent étouffé, pour être présentable. Or, rien ne se fait sans lui, ni sans le mental, ni sans la conscience.

Alors, puisqu'il en est ainsi, reprenons ce qui nous appartient.

mardi 5 novembre 2013

LA RESPIRATION ET LA CONSCIENCE CORPORELLE (2/2)

TAIKAN
Dans la pratique des arts martiaux, la grande affaire, c'est évidemment la victoire. Le combat n'est que le moyen d'assurer cette victoire.

Dans à peu près toutes les civilisations, on s'est efforcé de comprendre ce qui, intérieurement, faisait la différence, c'est-à-dire ce qui faisait que l'un gagnait et pas l'autre, alors que leurs capacités physiques étaient équivalentes. Ou mieux encore, que le plus désavantagé surclassait l'autre...

En fait, l'esprit dirige tout. Mais comment diriger l'esprit ?
Celui qui dirige l'esprit dirige tout. Non seulement dans le combat, mais dans tout ce qui le touche de près ou de loin.

Nous connaissons l'adage : "Pas de pouvoir sans conscience, pas de conscience sans pouvoir". Et c'est à cela que s'adressent les techniques de conscience corporelle (en japonais : tai kan).

Il s'agit de techniques de méditation visant à prendre conscience de tous les éléments de son corps, sur lequel nous aurons donc un pouvoir. Si l'on pousse un peu plus loin, nos pensées, nos états d'âme, nos émotions pourront de la même façon nous obéir.
C'est la clef de la victoire dans tous les domaines.
Mais encore faut-il pratiquer assidûment...

On a du mal à imaginer les capacités développées par une pratique quotidienne de ces techniques : les capacités physiques augmentent, les erreurs de jugement diminuent et la puissance de vie se désinhibe.

Ainsi suit-on la voie des arts martiaux.


La semaine prochaine : "Reprenez ce qui vous appartient"...
 

mardi 29 octobre 2013

LA RESPIRATION ET LA CONSCIENCE CORPORELLE (1/2)

Depuis des millénaires, l'Inde, puis l'ensemble de l'Asie, pratiquent des techniques respiratoires dans le but d'agir, c'est-à-dire d'avoir un pouvoir, sur sa santé physique et sur son mental. Dans ces époques reculées, le combat faisait partie des préoccupations de chaque jour et les pratiquants d'arts martiaux, bien entendu, ne se privèrent pas des avantages que présentaient ces pratiques.

Les yoga, dont les respirations (pranayama) incroyablement sophistiquées permettent d'atteindre des états de conscience et de perception que l'on peut sans exagérer qualifier de sur-humains, ne sont pas toujours dirigés vers la douceur et la gentillesse. En effet, la non-violence est un concept étranger à la mentalité asiatique. Le regard de certains sadhous shivaïtes peut être terrifiant...
Mais en fonction de notre propre idée du bien, ces pranayama nous mèneront aussi à réaliser la paix en nous et autour de nous.

SAN CHIN
Les karate japonais utilisent eux aussi ces techniques codifiées dans des kata (formes) respiratoires. Les effets en sont réellement immenses. Un officier japonais, dont j'ai oublié le nom, a passé plusieurs mois dans l'attente de son exécution imminente par les Américains. La pratique constante du kata "SANCHIN" lui a permis de surmonter calmement cette épreuve. Finalement, sa peine a été commuée et il a retrouvé sa liberté.

Les détails de ces kata sont très précis et doivent être exécutés exactement, faute de quoi les résultats seront décevants. Mais parmi les résultats escomptés, on pourra citer :
  • ralentissement du rythme cardiaque
  • soulagement de l'hypertension
  • conscience accrue de soi-même et de ce qui nous entoure
  • etc., etc.
A suivre...
La prochaine fois : LA CONSCIENCE CORPORELLE (TAIKAN)

mardi 15 octobre 2013

LA PAROLE DONNEE

Tous les groupes humains ont besoin de vivre en harmonie et non dans la discorde. Cela concerne les grandes et les petites sociétés : les pays comme les groupes restreints.

Dans une école d'arts martiaux, où l'on prétend, bien sûr, être exemplaire, on n'échappe pas à ces règles, ces élégances de base qui sont le ciment de toutes les sociétés.

Le respect de la parole donnée - ou même de la parole simplement prononcée - se retrouve dans tous les pays et à toutes les époques, avec parfois des aménagements propres à tel ou tel contexte. Rien de durable et de quelque envergure n'a jamais pu être réalisé sans que soient glorifiés ces comportements, et flétris ceux qui croyaient avantageux de s'en affranchir. A  certaines époques et en certains lieux, cela pouvait équivaloir à un véritable suicide social.

Dans ma petite enfance, à l'école primaire du village, on nous parlait de Regulus... vous connaissez ? A l'époque, tous les enfants voyaient en lui un exemple. Il s'appelait Marcus Atilius Regulus. Né à Rome, il fut élevé au rang de consul en 267 avant Jésus Christ. A la tête de quatre légions il dirigeait la première guerre punique contre Carthage (près de Tunis). Fait prisonnier, il fut libéré sur parole et envoyé à Rome pour porter les offres de paix de l'ennemi. De retour chez lui, il exhorta le sénat à poursuivre l'effort de guerre car Carthage était en état de faiblesse, ce que Rome ignorait jusque là. Puis, fidèle à sa parole, il retourna en Afrique où, comme il était de règle, il fut exécuté après avoir été torturé avec raffinement.

Plus de deux mille ans plus tard, Regulus était toujours le modèle sur lequel les héritiers de la pensée romaine calquaient leur comportement.

A l'époque on parlait d'honneur, et on admirait.

A suivre...

lundi 7 octobre 2013

LE MOUVEMENT

Dans la doctrine de Maître SANO, parmi toutes les recommandations qui accompagnaient son enseignement, il en est une que nous devrions toujours avoir présente à l'esprit : la mobilité.
 
En cas de conflit imminent, il insistait sur la nécessité de bouger, et même de courir.
Dans la nature, les animaux (et nous sommes toujours des animaux) ont trois possibilités : attaquer, ou fuir, ou bien faire le mort, c'est-à-dire figer le mouvement extérieur et intérieur.

Dans le monde civilisé, si le fait de ne pas réagir nous évite parfois une attaque violente, cette inhibition, si elle se répète trop souvent, aura sur notre santé des conséquences qui pourront être très graves. De plus, si le corps se bloque, l'esprit lui aussi se bloque, et ce processus désastreux peut devenir permanent.

Ceci est un principe universel : toute stratégie repose sur la possibilité de mouvement, et même l'immobilité ne doit être qu'apparente. C'est-à-dire qu'elle doit avoir pour but la reprise de la liberté d'action.

Inversement, il n'y a pas de mobilité utile possible chez quelqu'un qui aura fini par se laisser coincer dans des situations qui lui confisquent toute initiative. De concession en concession, il deviendra passif en tous domaines et sa vie manquera de saveur.

Non, décidément, il n'est jamais avantageux de céder à la passivité. C'est ce que nous rappellent les arts martiaux.

A très bientôt.

mardi 24 septembre 2013

LEXIQUE 2 - TECHNIQUES DE JAMBES (1)

Maintenant, quelques techniques de jambes, avant de revenir à nos habitudes...
Dans quelque temps, nous verrons des techniques un peu plus rarement abordées.
                                                                                    
 Techniques de jambes
  • Mae geri : coup de pied vers l'avant
  • Mae geri kekomi : coup de pied vers l'avant enfonçant
  • Mae geri ke age : coup de pied vers l'avant remontant
  • Kin geri : coup de pied niveau bas remontant 
  • Mawashi geri : coup de pied circulaire
  • Sokuto geri : coup "en sabre de pied"
  • Uchi mawashi geri : coup de pied circulaire depuis l'intérieur
  • Mikazuki geri : coup de pied en croissant de lune
  • Uchi mikazuki geri : coup de pied "en croissant de lune" depuis l'intérieur
  • Ura mawashi geri : coup de pied retourné circulaire
  • Ushiro mawashi geri : coup de pied retourné avec retour de hanche
  • Kakato geri : coup de talon
  • Soku te geri : coup avec l'intérieur du pied
  • Yoko geri : coup de pied sur le côté
  • Hiza geri : coup de genou (se dit aussi hitsui geri)
  • Tobi mae geri : coup de pied sauté vers l'avant
  • Ni dan geri : coup de pied vers l'avant double à deux niveaux
A suivre...

lundi 16 septembre 2013

LEXIQUE 1 - TECHNIQUES DE BRAS (1)

Le karaté nous vient du Japon et ses techniques, du moins certaines d'entre elles, se sont répandues dans le reste du monde. Ainsi, pour que chaque pratiquant, dans quelque pays que ce soit, puisse communiquer sur le sujet, les termes employés sont en langue japonaise.

Si vous pratiquiez l'escrime, par exemple, les termes employés seraient plus familiers : ils sont partout en langue française.

Ce que l'on ne nomme pas, on ne le voit pas. Par conséquent, pour aider certains dont la mémoire serait plutôt visuelle, je vous propose un petit glossaire concernant les termes du karaté que nous pratiquons. Il s'étalera sur plusieurs semaines et en voici le premier volet.
                                                                                    
 Techniques de bras - attaques
  • Jun tsuki : coup de point direct
  • Gyaku tsuki : coup de poing contraire
  • Mae te zuki : coup de poing main avant (terme général)
  • Tobi komi tsuki : coup de point main avant avec sursaut
  • Nagashi tsuki : coup de poing long direct
  • Gyaku no nagashi tsuki : coup de poing long contraire (sur place, de la main arrière)
  • Ura ken zuki : coup du revers de poing
  • Mawashi tsuki : coup de poing circulaire
  • Ura zuki : coup de poing paume vers le haut
  • Sei ken : position de poing paume vers le bas
  • Tate zuki : coup de poing vertical (pouce en haut, le plus courant chez nous)
  • Nuki te : pique de main
  • Shuto uchi : attaque "en sabre de main" (frappe du tranchant de la main)
  • Haito uchi : attaque "en revers de sabre" (d° ci-dessus mais frappe côté pouce)
  • Hai shu : Dos de la main
  • Mawashi ken tsuki age : coup de poing circulaire en remontant
  • Mawashi ken tsuki sage : coup de poing circulaire en descendant
  • Hiji uchi : coup de coude (se dit aussi empi uchi)
  • Moro te zuki : coup de poing des deux mains (terme général)
  • Ten sho uchi : frappe de la paume
  • Ko ken uchi : coup du poignet, doigts en arrière
Et ce n'est pas fini...

lundi 9 septembre 2013

"LES LARMES DE SATHANAËL"

Il est plus que temps d'annoncer ici la finalisation du dernier ouvrage de Frédéric Dupertout aux éditions Le Cercle du Jardin Public : "Les Larmes de Sathanaël". Pour l'instant réservé à un cercle restreint (famille et amis), sa parution publique est prévue pour le 1er janvier 2023.
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De tous temps les envahisseurs ont amené le malheur et la ruine. Dans cette fresque épique, inspirée de recherches historiques extrêmement poussées, et qui nous ramène en Palestine au temps des Romains, les faibles et les vaincus, une fois de plus, ont osé relever le front.

Tout le monde connaît la vie du Christ. Tous les textes d'époque, ou presque, abondent... Mais peut-être avons-nous pris l'habitude de les lire sans trop y penser. Un voyageur du Temps serait en fait abasourdi car les choses ne se sont pas exactement passées comme on nous l'a dit.

Le Christ a bien existé... Mais vous aurez du mal à vous y retrouver.

Pour écrire "Les Larmes de Sathanaël", Frédéric Dupertout a étudié les textes historiques et sacrés pendant plus de dix ans, ce qui l'a amené à exposer une vision plus qu'inattendue de la vie du Christ.

lundi 2 septembre 2013

LE JAPON MEDIEVAL ET CONTEMPORAIN A SES HEROS. NOUS AUSSI.

Le Japon médiéval et contemporain a ses héros, nous aussi.

Une des plus extraordinaires figures de la France nous a quittés lundi dernier. Avec lui s'achève la dernière période à dimension épique qu'a connue notre pays. Souhaitons qu'il y en ait d'autres.

Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc commandait, en l'absence de chef de corps, le 1er R.E.P. (*) et risqua la prison et l'exécution pour s'être opposé, à la tête de son régiment, à la trahison du général de Gaulle. Il fut condamné à 10 ans de prison, déchu de sa Légion d'Honneur reçue à titre militaire et sa carrière fut brisée.

On ne résume pas en quelques lignes une telle aventure :
Le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc
lors d'une prise d'armes à Alger
déporté à Buchenwald pour fait de résistance, puis la Légion, l'Indochine et l'Algérie dans le plus brillant régiment de la France, dans les combats les plus terribles.


Il faut absolument lire "Hélie de Saint Marc", de Laurent Beccaria, mais aussi les livres écrits par lui-même : "Les champs de braises", "Les sentinelles du soir", etc.

Je crois qu'il nous donne, par toute sa vie, un exemple absolu d'honneur, de courage et de respect de la parole donnée, sans lesquels un homme n'est pas tout à fait un homme. Tous ceux qui ont assisté à ses conférences ont été profondément touchés, parfois bouleversés par l'humanité, la grandeur de celui qui fut un terrible guerrier. Pour la petite histoire, c'était aussi un voisin, puisque sa famille habitait rue de la Verrerie, près du cours Xavier Arnozan. Il n'est devenu ni colonel, ni général, mais il en a dépassé plus d'un par la grandeur et l'exemple.

Enfin, peu avant sa mort, le président Sarkozy lui décerna en grande pompe la croix de Commandeur de la Légion d'Honneur... Mais il était bien tard pour réparer le mal fait à Saint Marc, à l'honneur et à la France.

Puissent certains d'entre nous essayer de lui ressembler.

A lire absolument :
  • "Hélie de Saint Marc" - Laurent Beccaria - Ed. Librairie Académique Perrin
  • "Mémoires - Les champs de braises" - Hélie de Saint Marc - Ed. Perrin
  • "Les sentinelles du soir" - Hélie de Saint Marc - Ed. Les Arènes
  • "Toute une vie" (+ 1 CD) - Hélie de Saint Marc - Ed. Les Arènes 



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(*) R.E.P. Régiment Etranger de Parachutistes

lundi 26 août 2013

A PROPOS DES 7 SAMOURAIS (pour faire suite au commentaire de "sf" de la semaine dernière)

Comme beaucoup, je suis allé revoir, pour la nième fois, le sublime "7 samouraïs" (七人の侍 - hichi jin no samurai) de Kurosawa. La nouvelle version, "remasterisée", est vraiment une réussite, mais l'original, sorti en 1954, soit 9 ans après Hiroshima, a été reçu dans un contexte bien différent de celui d'aujourd'hui.
Au risque de paraître excessif, je pense qu'il devrait être systématiquement projeté dans les écoles, aussitôt après la maternelle ! Admettons que je plaisante...

Parmi les phrases remarquables des dialogues, nous pouvons retenir, par exemple :
"Je prépare un combat difficile, sans argent ni gloire en prime. Tu veux en être ?"
Un peu plus tard, le chef du groupe s'adresse aux paysans qu'il implique dans le combat :
"La guerre, c'est ça ! En protégeant les autres, on se protège soi-même. Celui qui ne pense qu'à lui se détruit lui-même".
Le groupe de samouraïs devant tuer les brigands (pour protéger les paysans qui, comme prévu, n'en seront même pas reconnaissants) est ainsi constitué :
Le maître sage et respecté, un samouraï débutant, un expert en sabre, un samouraï ordinaire, un stratège, un joyeux compagnon, pas très fort mais qui sera "un atout pour les temps difficiles" et un sympathique fou, ivre de combat.
Ici chacun a un rôle et ainsi 7 samouraïs vont tuer plus de quarante brigands grâce à leur parfaite unité.

Ce qui ressort particulièrement, chez ces héros, c'est le sentiment d'appartenir à une élite, fidèles principalement à la poursuite de leur idéal. Ils suivent la Voie, même dans l'acte gratuit, le fait de gagner ou de perdre étant à la fois important et secondaire.
Tout ceci - acte gratuit, solidarité, haute idée de soi-même, appartenance à une élite - est admirable mais ne se trouve pas que chez les samouraïs. Chez nous aussi, certains, beaucoup, sont allés au bout d'eux-mêmes. Gratuitement, ni pour l'argent ni pour la gloire, mais simplement pour se conformer à cette haute idée qu'ils se faisaient d'eux-mêmes, pour rester sur la Voie qu'ils avaient choisi de suivre.

Vous en connaissez peut-être quelques uns ?

En attendant jetez donc un oeil à la bande-annonce du film :


lundi 19 août 2013

DES EXEMPLES A NOS PORTES

Les vacances de beaucoup d'entre vous touchent à leur fin et nous allons bientôt nous retrouver. Nous ferons aussi la connaissance des débutants qui viendront apprendre le karaté chez nous.
Dans quelques semaines je vous parlerai de ce qui concerne directement le budo, et notamment la signification des termes japonais, mais en attendant, il nous reste un peu de temps pour rêver... Rêver de ceux qui nous ont montré la voie : héros de chez nous -
Le Chevalier Bayard
Bayard, le "Chevalier sans peur et sans reproche", Roland, mort à Roncevaux -, etc. Mais aussi ceux de chez nos anciens ennemis : Japonais, Allemands, et beaucoup d'autres.
Lorsque mon père, le lieutenant Dupertout fut pris, munitions épuisées, par les Allemands de la 4e SS-Panzergrenadierdivision "Polizei I", il s'était battu avec une telle bravoure, c'est-à-dire qu'il avait, à la tête de sa compagnie, tué tellement d'Allemands, que ceux-ci, figés au "présentez armes" lui ont rendu les honneurs de la guerre.
Aujourd'hui, nous sommes redevenus amis avec les Anglais, les Japonais, les Allemands, et l'un d'entre eux d'ailleurs a combattu à Verdun contre mon grand-père. Il s'appelait Ernst Jünger, est mort à 103 ans et a écrit, parmi beaucoup d'autres, un chef-d'oeuvre intitulé "Orages d'acier" (*).
Ernst Jünger
Il faut le lire absolument.

L'état d'esprit, devant le cataclysme et la mort hurlante, de ce type d'homme stupéfiant est à peine croyable, et pourtant tout sonne juste, on sait qu'il ne fabule pas. Il y a là une indispensable leçon de vie et on ne peut qu'envier cette sorte de joie de vivre face à l'épouvante et à l'horreur.
Nous pratiquons tous les arts martiaux, et à ce titre, même si nous traversons une période de paix, nous nous sentons forcément concernés par la peur, le danger et même le risque mortel. Le témoignage de ceux qui ont vécu ces paroxysmes est indispensable comme modèle de comportement. Tout ce que nous sommes provient d'exemples que l'on s'efforce d'imiter. Et même si certains sont inimitables, ils peuvent déjà nous servir de référence, comme expérience intérieure.
Eh bien, qu'en pensez-vous ? 
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(*) Ernst Jünger a obtenu en 1982 le prestigieux prix Goethe pour son oeuvre littéraire.
Tomoe Gozen, femme samouraï, à la bataille d'Awazu (1184)


lundi 12 août 2013

BONNES LECTURES

Lorsqu'on pratique un art martial japonais, on a souvent tendance à se référer aux coutumes et aux écrits asiatiques pour en approfondir la compréhension. Ainsi les grands classiques et grands héros, tels Takuan, Sun Tsu, Musashi, Yamamoto, nous font parfois oublier que nous aussi, occidentaux, avons nos héros, nos stratèges et nos grands exemples passés. Si, pour les connaître, nous nous plongeons dans la lecture, c'est tout un univers fascinant qui s'ouvre à nous.

Et en voici quelques exemples:
  • "Stratégie" de B.H. Liddell Hart - Ed. Perrin
Cet auteur est un des plus grands noms en la matière
  • "Corsaire de la République" de A. Louis Garneray - Ed. Phebus
L'auteur, marin, corsaire, écrivain et peinture réputé, nous laisse confondu devant le courage, presque la folie, de ces héros qui vivaient ici il n'y a pas si longtemps, en guerre contre l'Anglais. 
  • "Hélie de Saint Marc" - Plusieurs ouvrages écrits sur lui (par Laurent Beccaria) ou écrits par lui-même.
Un bordelais admirable à tous points de vue, ancien commmandant du 1er R.E.P.
Il faut l'avoir lu.

Voilà trois exemples parmi tant d'autres de ce qui pourra nous montrer une voie, une sorte d'idéal à poursuivre.

Mais il y en a beaucoup d'autres, et nous ne pouvons que nous enorgueillir de notre passé et de ceux qui l'ont fait. C'est notre patrimoine.

Alors bonnes vacances et bonne lecture !

dimanche 28 juillet 2013

MON MEILLEUR BILLET A CE JOUR ;-)

 "Accepter l'idée d'une défaite, c'est être vaincu"

Maréchal FOCH

 
Ah ! Vous voyez !...



lundi 22 juillet 2013

ELOGE DE LA PARESSE



La tradition des arts martiaux japonais est profondément imprégnée d’un principe de complémentarité que l’on retrouve dans la théorie du Yin et du Yang. Si on la résume, cette pensée peut s’énoncer ainsi : dans toute force, il y a un peu de faiblesse et inversement. Il y a le chaud et le froid, le jour et la nuit, etc…
 
Et puis, et c’est très important, il y a le travail et les vacances. Et pour que les vacances trouvent leur plein épanouissement, on peut se rappeler que, dans toutes vacances, il y a un peu de karaté !
 
Si on applique ce principe qui veut que l’on se repose pour être meilleur, et compte tenu qu’il n’est pas toujours facile de s’entraîner sur son lieu de vacances, il suffira d’y penser, de vivre dans l’esprit adéquat, pour que les forces de l’hiver se transforment tranquillement en une série de progrès que nous exprimerons à notre retour.
 
Toute la nature fonctionne ainsi, qu’on le veuille ou non, et la vie elle-même, autour de nous, se manifeste dans un système d’alternance en plus des complémentarités. Par exemple, il y a le soleil et la lune en plus de haut-bas, homme-femme, etc…
 
Vous pensez que je m’efforce de justifier la paresse ? Eh bien, c’est exactement cela ! Car cette paresse a un rôle indispensable à jouer. Sans repos, pas de vie.
 
Et je m’en apercevrai car vous aurez progressé quand je vous retrouverai.


                                                                                                      A très bientôt donc.


lundi 15 juillet 2013

LE DIVIN PYTHAGORE


"Délaisse les grandes routes, prends les sentiers"

Pythagore                                           
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La plupart des gens jugent selon des idées préconçues, sans même songer à faire l'expérience, ou au moins à prendre les renseignements contradictoires. La tendance à imiter, qui est le contraire de la créativité, peut ressembler à une démarche de facilité : en faisant comme tout le monde on se sent sans doute plus à l'abri des mauvaises surprises. Voire...

Les pratiquants d'arts martiaux ne sont pas des gens comme tout le monde. Pratiquer les arts martiaux est en effet une démarche par nature non-conformiste, exigeant un esprit inventif, intuitif, à la fois maléable et inflexible, avec une bonne dose de fantaisie et d'esprit critique. Tout le contraire des caractères un peu passifs que l'on croise sur les grands itinéraires bien balisés. Les arts martiaux, contrairement aux sports, exigent exclusivement de savoir gagner. Et pour cela il faut toujours avoir un temps d'avance sur les autres, utiliser des techniques inattendues, issues d'un état d'esprit déroutant, du moins pour des adversaires plus conformistes.

Dans la longue histoire de la guerre et de la stratégie, on constate que les chefs qui gagnent utilisent des méthodes auxquelles leurs ennemis n'étaient préparés ni physiquement ni psychologiquement.

Une remarque importante, toutefois : la conduite moins rectiligne qu'on adopte sur les petites routes ou sur les sentiers ne sera possible que si l'apprentissage, l'assimilation des techniques nécessaires, a été mené de manière rigoureuse et académique. Ceci est valable quel que soit votre moyen de déplacement sur votre voie, qu'elle soit matérielle ou de toute autre nature. 

A bientôt...

dimanche 7 juillet 2013

L'ENTRAIDE

Je rencontre beaucoup de gens à qui on a dit que "dans la vie" il fallait s'en sortir seul, à la force du poignet, et ne compter sur personne.

C'est plutôt sympathique, on se croirait dans un film de Sergio Leone, et j'aime bien les films de Sergio Leone. Là où les choses se gâtent, c'est quand on se rend compte que cette théorie sans démonstration est prise au sérieux et que beaucoup, sans réfléchir davantage, s'efforcent d'en faire une règle de vie.

Pour ne pas trop nous lancer dans des généralités, observons ce qui se passe dans notre pratique du karaté. Pour pouvoir progresser, il faut un professeur compétent, et donc ses élèves dépendent de lui : sans professeur les élèves n'iraient pas loin, et inversement. Mais les élèves ont aussi besoin les uns des autres : si j'aide mes camarades à progresser, je me trouverai dans une école de bon niveau, j'aurai des partenaires intéressants, etc. Si je trouve astucieux de profiter du haut niveau ambiant sans y apporter ma contribution, je mettrai une mauvaise ambiance, préjudiciable au progrès commun, et les choses s'enchaîneront dans le mauvais sens.

Ce qui vaut pour un dojo vaut aussi pour des groupes humains plus étendus. Lorsqu'ils sont solidaires ils acquièrent un pouvoir important et chacun de leurs membres en profite.

De toute ma vie je n'ai jamais, je dis bien jamais, vu une réalisation de quelque envergure qui soit le fait d'un individu seul. Ceux qui prétendent y être arrivés seuls sont toujours des mythomanes suffisamment égoïstes pour ne pas se sentir gênés à l'idée d'exploiter les efforts des autres.

A l'inverse, certains mettent un point d'honneur à ne pas demander - ni même accepter - d'aide. Ils ne se rendent tout simplement pas compte que s'ils progressent, c'est grâce à la présence des autres, qui eux-mêmes s'améliorent pour les mêmes raisons.

Une école d'arts martiaux est en fait constituée de ses membres, et la défection de l'un d'entre eux est toujours un poids pour tous les autres. Pour qu'elle existe, outre l'entretien financier, un certain mental est nécessaire.

Pour résumer, aucune société, petite ou grande, ne peut vivre et prospérer si elle est constituée d'individualistes. Cela vaut pour les pays comme pour les dojos : lorsque vous vous entraînez, la personne la plus importante n'est pas vous, mais votre - ou vos - partenaire(s), et bien sûr, il faut qu'il(s) pense(nt) de même. Ce n'est pas de la morale bien-pensante, pas du tout, mais le simple souci d'évoluer dans un groupe de haut niveau, et pourquoi pas, d'élite, que nous seuls pouvons construire et dynamiser. 

A la semaine prochaine !

lundi 1 juillet 2013

ATTAQUER POUR SE DEFENDRE ET DEFENDRE LES AUTRES

"Une guerre qu'on évite est une guerre qu'on retarde au profit de l'adversaire"

Machiavel
Je suis toujours aussi perplexe quand j'entends des gens, réellement bien intentionnés, m'expliquer que rien ne s'oppose moralement à ce que l'on apprenne à se défendre, mais que l'attaque est hautement condamnable.
Le plus étonnant est que cette opinion part d'un bon sentiment : je me défends, certes, car j'ai droit à la vie, mais sans faire de mal à autrui...
En fait, cela émane peut-être de quelqu'un de bien intentionné, mais c'est néanmoins dérangeant pour deux raisons :
  1. Comment peut-on se défendre sans savoir attaquer ?
  2. Comment puis-je secourir, prêter main-forte à quelqu'un qui se fait agresser si je ne sais pas attaquer ? Seule ma précieuse personne mérite-t-elle que je me batte pour la défendre ?
On trouvera toujours de bonnes raisons pour éviter un combat. Certaines de ces raisons sont en effet justifiées mais cela reste l'exception. Le but étant bien entendu de gagner, il ne faut pas se lancer les yeux fermés dans une confrontation à l'issue aussi désastreuse que prévisible.
La vraie question sera donc : suis-je vraiment prêt à sortir vainqueur d'une agression ? Prêt aujourd'hui ? Et serais-je prêt à gagner si je devais attaquer un agresseur ?
Ce qui est vrai pour une personne est vrai pour un grand nombre. A toutes les époques, les gouvernants, soucieux de protéger leur population, se sont efforcés de se doter d'une armée redoutable, face à l'éventualité d'une attaque étrangère, et d'une justice propre à dissuader tout délit civil, par exemple les agressions physiques, face à des gangsters ou des terroristes.
Machiavel n'est peut-être pas sympathique à tout le monde, mais il serait prétentieux de l'écarter d'un geste négligent...
 
A très bientôt.

lundi 17 juin 2013

PEUT-ON REMPLIR UNE TASSE PLEINE ?

On croit souvent ne pouvoir progresser que par
amélioration. Mais l'homme a tout autant besoin
de se dépouiller des excroissances rigides, afin
que se révèle l'essence connaissante, que d'ajouter
quoi que ce soit. L'enseignement opère aussi par
exclusion - exclusion de ces éléments qui rendent
l'homme aveugle et sourd.
Idries SHAH
16 juin 1924 - 23 novembre 1996
Indo-Afghan - mère écossaise
A ma connaissance, Idries SHAH n'avait rien à voir avec le karaté. C'était un philosophe soufi contemporain, mais qui, sans les avoir forcément approchés, a constaté les mêmes évidences que les maîtres d'arts martiaux des temps anciens.
En effet, il est facile de s'apercevoir que l'on ne peut rien enseigner à celui qui est déjà rempli de certitudes. Souvent on ne peut même pas attirer son attention sur ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, mais ne correspond pas à l'image qu'il s'est forgée de la réalité.
Ceci est valable pour les thèses scientifiques comme pour les convictions morales ou même religieuses. Et c'est encore plus net pour les prises de positions politiques.
Dans le cas de l'apprentissage d'un geste ou d'un ensemble d'attitudes gestuelles, le plus gros obstacle à surmonter est l'élimination de l'image fausse que l'on se fait d'une technique. En d'autres termes, même s'il n'y a aucun empêchement physique, si je me représente le geste de façon erronée, je le ferai de façon erronée.
Conclusion ? En théorie c'est fort simple : il suffit de se débarrasser de cette image fausse pour que la bonne, donc le bon geste, puisse exister. En réalité, on tient tellement à ses erreurs que l'on préfère renoncer au progrès que "renoncer à soi-même". En effet, il est parfois déchirant de s'avouer que l'on s'est trompé jusque là.
Une attitude mentale se reflète toujours dans une gestuelle. Toujours. C'est pourquoi on doit agir sur le mental si on veut agir sur le physique -  et réciproquement d'ailleurs.
Certains croient, s'imaginent qu'ils vont progresser en accumulant, en entassant les connaissances. A un certain degré c'est évident, mais encore faut-il que tout le savoir soit "juste"...
A très bientôt.

lundi 10 juin 2013

LA PEUR 2/2

Il y a bien sûr beaucoup de façons d'avoir peur. Depuis l'épouvante, la terreur de celui que l'on va torturer à mort, jusqu'à celui ou celle qui a peur des souris. Dans ce dernier cas on parlera de phobie, du grec Φόϐος (*) : peur, effroi. Par exemple, la gymnophobie ne sera pas la peur de la gymnastique, mais de la nudité. L'apeirophobie ? Peur de l'infini, rien à voir avec l'alcoolisme. Quant à la pantophobie, c'est la peur de tout, tout simplement. Il est curieux de voir que certaines de ces peurs sont considérées comme un délit... mais passons. Bien sûr, si vous n'aviez peur de rien, ni de personne, nul ne pourrait s'arroger de droits sur vous, mais ne regrettons rien : la vie elle-même ne serait pas imaginable sans la peur.
On ne peut pas la supprimer. Ceux qui ne l'ont jamais éprouvée ne sont pas des héros, mais tout simplement des gens qui ont su se mettre à l'abri. Et pourquoi pas ? Du moment qu'ils ont la décence de ne pas prétendre imposer un avis sur le sujet.
Ceci dit, en cas de danger, quel qu'il soit, si on laisse la peur nous envahir, on perd tous ses moyens. Alors, que faire ?
Les arts martiaux apportent une réponse assez précise à cette question. Rappelons tout d'abord que l'entraînement mental, psychique, émotionnel doit être aussi intensif que la partie physique, faute de quoi on fait de l'expression corporelle, ce qui ne solutionne rien. La peur doit être regardée en face, affrontée. On doit se préparer à sa venue tout en essayant d'évaluer le danger de façon précise.
Les gestes du karaté, étudiés au dojo évoquent tous un scenario violent. Par conséquent ils doivent impérativement être exécutés en se représentant exactement la scène réelle, en se plongeant dans l'ambiance. Ne jamais travailler par exemple un coup de pied sans "vivre" les peurs que vous risquez d'éprouver à ce moment-là : peur de la défaite, de la blessure, de la mort... Peur d'avoir peur, peur d'être humilié ou même d'être intimidé. Peur enfin de faire de trop gros dégâts et de provoquer un désastre.
Regardez la peur, entraînez-vous à la fréquenter et à rester vous-même en sa compagnie. Efforcez-vous de vivre en bonne intelligence avec elle.
Alors, et dans tous les domaines, vous serez surpris des résultats.

A très bientôt...

(*) "Phobos"

mardi 4 juin 2013

LA PEUR 1/2

On peut affirmer que celui qui n'a pas connu la peur au moins une fois dans sa vie est privé d'une dimension. Et il est bien possible que cette dimension soit essentielle à notre développement, à notre compréhension du monde qui nous entoure.

Je parle ici de la peur intense, dévastatrice, face à un danger bien visible ou bien prévisible, mais il existe beaucoup de raisons d'être pris par l'angoisse et l'anxiété. Sans aller jusqu'à nous terrifier, ces ressentis peuvent suffire à nous gâcher la vie.

Lorsque j'étais enfant, puis adolescent, des amis de mon grand-père venaient parfois manger à la maison. C'étaient tous des anciens de la guerre de 14-18, rescapés de Verdun, blessés pour la plupart, et une chose m'avait très tôt frappé chez ces héros médaillés : leur soumission devant l'autorité (gendarmes, administration, etc.). On aurait presque dit que ces géants devenaient craintifs.

On le voit, ce terrible sentiment peut être léger s'il le faut, ne pas nous attaquer de front, mais personne ne peut s'en protéger complètement. Nous sommes donc condamnés à vivre avec.

Il n'y a pas de honte à avoir peur face au danger. Pas plus qu'il n'y en a à transpirer quand il fait chaud. Encore faut-il ne pas l'étaler sans pudeur. Mais s'il y a quelque chose de pitoyable et de révoltant à la fois, c'est bien de voir ces donneurs de leçons qui, bien à l'abri, ou s'imaginant l'être, sourient avec condescendance en affirmant que tout va bien grâce à des gens comme eux.

Il n'y a que ceux qui ignorent tout de la peur et du danger qui méprisent cela chez les autres. Comme malgré tout ils se sentent un peu mal à l'aise, ils se drapent ostensiblement dans des attitudes à la mode : pacifisme, non-violence et autres "bien pensance" qui ne sont en fait qu'une certaine forme de lâcheté...

Encore une fois, je n'ai aucun mépris pour celui ou celle qui manque de courage, mais par contre j'aurai de l'admiration pour ceux qui ne s'y attardent pas, qui surmontent, et qui souvent font de grandes choses.

On fait aujourd'hui grand cas de la démocratie athénienne. Si le terme a été repris par tous les régimes en quête de respectabilité, les applications sont souvent loin du modèle d'origine. Sait-on qu'à Athènes, donc, seuls les citoyens capables de combattre pouvaient voter ? Bien sûr, les étrangers et les métèques (*) en étaient exclus. On estimait sans doute à juste titre que celui qui n'irait pas à la guerre n'était qualifié ni pour la provoquer, ni pour tenter de l'éviter. Celui qui ne connaissait pas la peur dans la bataille, qui ne l'avait pas éprouvée dans sa chair était une sorte d'irresponsable civique.

A suivre...
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(*) meta oïkos : "qui habite plus loin"

lundi 27 mai 2013

DE L'INTERET DE JUGER

Il n'est pas toujours facile de juger une personne, un acte, un courant de pensée ou quoi que ce soit dont nous percevons l'existence. Et puis, qui suis-je pour m'arroger le droit de juger ? Suis-je donc moi-même au-dessus de toute critique ? Ai-je les compétences voulues ? Ainsi, sous prétexte de... allez savoir quoi, on s'abstient, on n'émet pas d'opinion, et surtout pas de critique. On conclut avec un haussement d'épaules et de sourcils, les yeux baissés avec modestie, que chacun fait comme il l'entend et que cela ne nous regarde pas...

Beaucoup de gens ont ainsi perdu une grande partie de leur esprit critique, de leur esprit d'indépendance et le remplacent par un conformisme aussi stérile que désespérant. Pourtant ce sens critique, cette capacité de jugement raisonné est nécessaire à la survie et au bien-être.

Les pratiquants d'arts martiaux dans leur domaine spécifique sont tout particulièrement concernés. En effet :
Si je m'interdis d'avoir une opinion sur autrui, je n'aurai pas de points de référence pour décider qui je dois imiter ou pas, dans la pratique comme dans le mental. Or je peux tout à fait avoir un regard pertinent sur un plus gradé ou un plus fort que moi. A ce propos, voici un joli proverbe landais (*) : "Je suis bien incapable de pondre un oeuf, mais je sais reconnaître un oeuf pourri".

En fait, nous sommes conçus pour porter un jugement immédiat sur tout ce que nous percevons : une odeur de fumée : incendie ou barbecue ? Une détonation : attentat ou feu d'artifice ? Une offre alléchante : arnaque ou affaire du siècle ? On imagine sans mal que parfois il vaudra mieux réagir vite.

Et le karaté dans tout ça ?
Eh bien, justement, voilà un domaine où le jugement prend toute son importance. Tout d'abord, lorsqu'on s'apprête à débuter, il vaut mieux savoir si le style enseigné correspond à ce que l'on recherche. Sans oublier de se poser précisément la question de savoir à quoi on espère l'utiliser (défense, santé, délassement sportif ou autre).

Et puis il y a le professeur... Une fois lancé, vous devrez lui faire entièrement confiance et il sera donc utile d'avoir pu le juger (ou le jauger) dès les premiers instants.
Et pour finir, il faudra savoir juger sur les apparences (sinon sur quoi d'autre ?) ceux qui peuvent se révéler dangereux.
Ce dernier point faisant appel à notre intuition, on se rappellera que si l'on s'interdit le jugement spontané, on affaiblira du même coup nos capacités d'intuition. Or aucun animal (**) ne peut survivre dans ces conditions.

(*)   Très exactement de Camontès
(**) Un animal est un être animé. Ceci concerne bien sûr l'être humain.

dimanche 19 mai 2013

38 ANS, NOTRE ANNIVERSAIRE !

Le 13 mai (lundi), le Bushido a eu 38 ans, et conformément à nos habitudes, nous avons célébré l'événement le samedi suivant 18 mai (on appelle ça une solennité différée).
Outre le fait que cet anniversaire confirme notre statut de plus ancienne école de karaté de Bordeaux, ce jour-là était marqué par plusieurs événements exceptionnels :

La remise de leur diplôme à Philippe LESCA (à gauche) et Patrick NICAR. A gauche de la photo : Thierry LETOURNEAU et Joachim LARRIBA. A droite, Mireille AUDA et Frédéric DUPERTOUT
  • LA REMISE DE DEUX DIPLOMES JAPONAIS de ceinture noire 3e dan, signés par Maître SANO, à Messieurs Patrick NICAR et Philippe LESCA, en présence de deux titulaires de ce même diplôme, Messieurs Thierry LETOURNEAU et Joachim LARRIBA.
  •  LA PRESENCE AU REPAS DE PLUSIEURS ANCIENS, qui pour diverses raisons ne peuvent plus assister aux cours mais qui nous ont honoré de leur présence. Un honneur et un grand plaisir !
Le repas au "Dynastie", toujours aussi agréable a aussi été l'occasion de  constater que tout le monde a tenu à participer à l'enrichissement du matériel d'entraînement. Cette tradition annuelle est maintenant bien établie, ce qui resserre encore un peu plus les liens qui nous rapprochent.




Une fois de plus les gens du Bushido se sont distingués par leur prestance et leur retenue, ce dont nous sommes toujours aussi fiers.

A suivre...